Chunjie (春节, Chūn Jié) : Le Festival du Printemps et le Nouvel An chinois

Introduction

Le Nouvel An chinois, appelé Chunjie (春节, Chūn Jié) ou Festival du Printemps, représente la plus importante célébration du calendrier chinois. Bien plus qu’un simple passage d’une année à l’autre, ce moment est l’occasion pour des centaines de millions de personnes de se réunir en famille, de rendre hommage aux ancêtres, de chasser la malchance et d’accueillir la prospérité dans l’année à venir. S’étendant généralement sur une quinzaine de jours, la fête du printemps se veut un concentré de traditions millénaires, de rites, de plats symboliques et d’ambiances festives, le tout illuminé par le scintillement des feux d’artifice.

Dans cet article, nous explorerons l’origine de Chunjie, ses usages traditionnels, sa place dans la Chine contemporaine, et la façon dont il est célébré à l’étranger. Enfin, nous aborderons l’intérêt d’apprendre le mandarin pour saisir toutes les nuances de cette fête – notamment grâce aux cours flexibles proposés par la LC Chinese School à Oslo, qui permettent d’étudier la langue chinoise en s’adaptant à son propre emploi du temps.


Les origines du Festival du Printemps

La légende de Nián (年)

Parmi les nombreux mythes entourant le Nouvel An chinois, le plus célèbre met en scène un monstre nommé Nián (年). Selon la légende, Nián sortait de son repaire à la fin de l’année lunaire pour attaquer les villages. Les habitants découvraient peu à peu que la créature craignait trois choses : le bruit, la lumière vive et la couleur rouge. Pour se protéger, ils commencèrent à suspendre des décorations rouges, à allumer des lanternes et à faire éclater des pétards (爆竹, bàozhú).

Nián, effrayé, s’éloigna des villages et n’osa plus reparaître. Ainsi naquit la coutume de dresser des décorations de couleur rouge et de tirer des feux d’artifice : un moyen de chasser la malchance et de marquer un nouveau départ. D’ailleurs, le caractère chinois 年 (Nián), qui signifie « année », évoque cette créature à la base de la tradition.

Le calendrier lunaire

Le Festival du Printemps est célébré selon le calendrier lunaire chinois. Chaque mois commence au moment de la nouvelle lune, et l’année chinoise peut comporter 12 ou 13 mois (lorsqu’il y a un mois intercalaire). C’est la raison pour laquelle la date de Chunjie varie chaque année dans le calendrier grégorien, mais tombe généralement entre la fin janvier et mi-février.


La préparation de Chunjie

Le grand nettoyage

Avant l’arrivée du Nouvel An, on procède à un grand ménage, appelé parfois « nettoyage du printemps », afin de chasser les énergies négatives. Balayer la poussière de l’année écoulée permet d’accueillir la nouvelle année dans un espace purifié. Certains superstitieux veillent à cesser de balayer dès le début du premier jour de l’année, afin de ne pas repousser la chance qui vient d’entrer.

Les décorations

L’omniprésence du rouge est l’un des traits les plus marquants de Chunjie. On colle sur les portes des distiques (对联, duìlián) écrits en calligraphie, exprimant des vœux de bonheur et de prospérité. Des caractères comme 福 (fú), signifiant « bonheur », se retrouvent également collés à l’envers sur la porte pour signifier « le bonheur arrive ». Les lanternes rouges (灯笼, dēnglóng) ornent maisons et rues, créant une atmosphère lumineuse et chaleureuse.

Les achats de fête

Au marché ou dans les supermarchés, les familles font le plein de mets spéciaux : du poisson, de la viande, des fruits, des friandises, et tout le nécessaire pour préparer le somptueux repas du Réveillon. Par ailleurs, on achète de nouveaux vêtements, parfois de couleur rouge, afin de débuter l’année sous les meilleurs auspices.


Le déroulement de Chunjie

  1. Le Réveillon du Nouvel An (除夕, Chúxī)
    Point culminant de la fête, le Réveillon (年夜饭, niányèfàn) rassemble toute la famille autour d’un repas copieux. Dans le nord de la Chine, préparer puis manger des raviolis (饺子, jiǎozi) à minuit est très répandu. Les gens regardent souvent un grand gala télévisé (la CCTV New Year’s Gala), entre spectacles comiques, chansons populaires et performances acrobatiques. Les feux d’artifice et pétards explosent à minuit pour « effrayer les démons » et célébrer l’avènement de la nouvelle année.
  2. Le premier jour de l’année (正月初一, Zhēngyuè Chūyī)
    On rend visite aux parents et aux grands-parents, échangeant des vœux de bonheur (par exemple Xīnnián kuàilè (新年快乐), « Bonne année ! »). Les enfants reçoivent des enveloppes rouges (红包, hóngbāo) contenant de l’argent, signe d’encouragement et de protection.
  3. Les jours suivants
    Chaque jour jusqu’au 15e possède ses propres petites coutumes. Certains sont consacrés à la visite des amis, à la prière dans les temples, ou à d’autres traditions. On évite de se disputer pendant cette période pour ne pas démarrer l’année sur des émotions négatives.
  4. La Fête des lanternes (元宵节, Yuánxiāo Jié)
    Le 15e jour clôt officiellement la période du Nouvel An. Les rues se parent de lanternes colorées, sur lesquelles sont parfois inscrites des énigmes (猜灯谜, cāi dēngmí). On mange des boulettes de riz gluant (汤圆, tāngyuán) qui symbolisent la réunion et l’harmonie familiales.

La symbolique des plats

  • Jiǎozi (饺子) : Leur forme rappelle celle d’anciens lingots d’argent, évoquant la prospérité.
  • Le poisson (鱼, yú) : Dans la tradition chinoise, « poisson » (yú) se prononce comme « surplus » (余). On dit souvent « 年年有余 (niánnián yǒu yú) » – « Puissiez-vous avoir du surplus chaque année. »
  • Le niángāo (年糕) : Un gâteau de riz gluant. Son nom peut se comprendre comme « année après année, s’élever toujours plus haut ».
  • Les rouleaux de printemps (春卷, chūnjuǎn) : Fréquemment consommés, ils sont dorés après la friture et rappellent, encore une fois, l’or et la prospérité.

Les traditions phares

Les feux d’artifice et pétards

Hérités du récit de Nián, ils sont destinés à faire du bruit pour éloigner le mal. Dans de nombreuses grandes villes chinoises, on limite désormais les feux d’artifice pour des raisons de pollution et de sécurité, mais dans les campagnes, l’usage reste très répandu. Les explosions, censées repousser tout danger, restent un symbole fort de l’accueil d’une « nouvelle chance ».

La couleur rouge

Élément central du Festival du Printemps, le rouge est synonyme de joie, d’énergie vitale et de protection contre les énergies néfastes. Les banderoles, lanternes, enveloppes : tout s’habille de rouge !

La migration familiale

Le Nouvel An chinois implique la plus vaste migration humaine saisonnière : des millions de travailleurs quittent les grandes villes pour retrouver leur famille dans leur province d’origine. Ce phénomène, appelé Chunyun (春运), donne lieu à des gares et aéroports bondés, un moment crucial pour la réunion familiale.


L’évolution de Chunjie à l’ère moderne

Un événement mondial

Grâce à la diaspora chinoise, Chunjie est célébré aux quatre coins du globe. À New York, Londres, Sydney ou encore Paris, on assiste parfois à des défilés de danses du lion ou du dragon, à des expositions culturelles, et des restaurants proposent des « menus spéciaux Nouvel An chinois ».

La commercialisation et le numérique

Comme nombre de fêtes à l’échelle internationale, le Nouvel An chinois n’échappe pas à la tendance commerciale : promotions en magasins, offres spéciales en ligne… Les grandes plateformes de commerce électronique (Taobao, JD.com, etc.) rivalisent de campagnes marketing. Les hóngbāo (enveloppes rouges) deviennent parfois virtuelles via WeChat : des sommes d’argent sont envoyées d’un compte à l’autre dans un esprit ludique.


Célébrer Chunjie en dehors de la Chine

En Europe ou ailleurs, on peut vivre l’esprit de Chunjie, même loin de l’Empire du Milieu :

  • Restaurants chinois : Beaucoup proposent des animations (petits feux d’artifice ou séances de découpe de raviolis) et un menu festif.
  • Associations culturelles : Elles organisent parfois des ateliers de calligraphie, la confection de lanternes, ou des expositions autour de l’art du Nouvel An.
  • Quartiers chinois : Dans des villes comme Londres (Chinatown), l’atmosphère peut être très dynamique, à l’image des grandes festivités d’Asie.

Pourquoi apprendre le chinois ?

Le Nouvel An chinois est un excellent exemple de la profondeur culturelle de la Chine. Chaque terme, chaque coutume, chaque expression renferme souvent un jeu de mots ou un sens symbolique. En étudiant le mandarin (普通话, Pǔtōnghuà) :

  1. On accède à des explications de première main : Lire directement les dictons, les informations culturelles, ou discuter avec des Chinois pour recueillir leurs souvenirs personnels de Chunjie.
  2. On tisse des liens : Que ce soit pour le travail, l’amitié ou simplement le voyage, parler chinois facilite la compréhension de la société chinoise, y compris pour les fêtes.
  3. On saisit l’humour et la poésie : Lors du gala TV, nombre de sketchs jouent sur des homophonies ou des références historiques qui passent inaperçues à qui ne maîtrise pas la langue.

Ainsi, si vous habitez Oslo ou que vous avez la possibilité d’apprendre en ligne, la LC Chinese School propose des cours flexibles, adaptés tant aux débutants qu’aux apprenants plus avancés. Vous pourrez y découvrir la langue à travers des thèmes culturels, dont Chunjie, afin de percer les subtilités de la célébration.


Conseils pour vivre Chunjie chez soi

  1. Décorer en rouge : Placez des banderoles, accrochez des lanternes, et écrivez quelques caractères de chance (福, fú) en calligraphie si vous vous sentez l’âme artistique.
  2. Cuisiner : Tentez de préparer des jiaozi (raviolis). Participer à leur confection avec des amis ou en famille renforce l’aspect convivial.
  3. Regarder la CCTV Gala : Disponible sur internet, ce spectacle TV de plusieurs heures (chansons, danse, sketches) est un incontournable pour des millions de Chinois.
  4. Échanger des vœux : Apprenez quelques formules chinoises, par exemple « Xīnnián kuàilè (新年快乐) » ou « Gōngxǐ fācái (恭喜发财) », pour souhaiter le meilleur à vos proches.
  5. Lanterne-festival improvisé : Le 15e jour, organisez une petite soirée avec lanternes en papier, rédigez des devinettes, et dégustez des boulettes de riz gluant.

La valeur culturelle de Chunjie

Au-delà de la fête, Chunjie est un temps de partage et de transmission : il rappelle l’importance de la famille et du groupe, tout en exprimant la volonté d’accueillir le renouveau avec espoir. Dans une Chine en mutation rapide, cet ancrage dans la tradition garantit la pérennité de la conscience culturelle. Pour les Chinois de la diaspora, fêter le Nouvel An lunaire, même modestement, entretient le lien avec leur héritage.


Conclusion

Chunjie (春节, Chūn Jié), ou le Festival du Printemps, est sans conteste l’événement le plus marquant de l’année en Chine. À travers des légendes comme celle de Nián, des usages tels que l’emploi du rouge ou les pétards, des mets symboliques et la grande migration familiale, il incarne l’âme d’une civilisation millénaire : la gratitude envers l’année écoulée et l’optimisme pour celle qui commence.

Pour qui souhaite approfondir son regard sur la Chine, s’initier au mandarin est un levier essentiel. Cela permet de comprendre les subtilités linguistiques liées aux salutations de la nouvelle année, aux coutumes gastronomiques ou aux dictons farceurs. Si vous êtes à Oslo ou que vous recherchez une formation flexible, la LC Chinese School propose des cours répondant aux besoins de chacun, qu’il s’agisse d’une simple curiosité ou d’un projet sérieux de maîtrise du chinois.

Qu’il s’agisse de confectionner des raviolis, de coller des distiques rouges sur votre porte, d’envoyer des enveloppes virtuelles en cadeau ou d’apprécier la soirée du gala télévisé, Chunjie demeure un moment privilégié de rassemblement et d’enthousiasme. Ce que l’on célèbre alors, c’est avant tout le renouveau, la chaleur des liens humains, et l’espoir de prospérité pour tous. Xīnnián kuàilè ! (新年快乐) – « Bonne année chinoise ! »