Le calendrier lunaire chinois (农历 nónglì) : son sens et son importance aujourd’hui

La civilisation chinoise est l’une des plus anciennes au monde, et parmi ses nombreux éléments culturels, le calendrier lunaire chinois, appelé en chinois 农历 (nónglì), occupe une place essentielle. Souvent décrit comme un « calendrier luni-solaire », il combine l’observation des phases de la lune et la trajectoire du soleil pour définir la succession des mois et des saisons. Depuis des millénaires, il sert de base pour mesurer le temps, célébrer les fêtes traditionnelles et organiser le cycle agricole. Mais en quoi consiste exactement ce calendrier, et en quoi se distingue-t-il du calendrier grégorien, principalement utilisé dans le reste du monde ? Dans cet article, nous examinerons l’origine historique, les principes fondamentaux, l’influence culturelle et l’actualité du calendrier lunaire chinois. Nous verrons également comment il continue de façonner les fêtes, la vie sociale et certains rituels. Enfin, si vous souhaitez approfondir votre connaissance de la langue et de la culture chinoises, sachez que la LC Chinese School à Oslo propose des cours en présentiel et en ligne. Pour plus d’informations, vous pouvez consulter :
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1. Origines historiques : un repère millénaire

Les origines du calendrier lunaire chinois remontent à plus de 3000 ans. Bien avant la dynastie Shang (environ 1600–1046 av. J.-C.), des astronomes et agriculteurs chinois prêtaient déjà une grande attention aux cycles lunaires et à la position du soleil dans le ciel afin de prévoir les changements saisonniers. Dans une société largement agricole, cette capacité à anticiper le moment propice pour semer ou récolter était cruciale à la survie de la population.

Au fil des dynasties, le système a été affiné et révisé, mais l’idée centrale est restée la même : combiner les mois lunaires et les saisons solaires pour qu’ils soient le plus en phase possible avec les réalités naturelles. Sous la dynastie Han (206 av. J.-C. – 220 apr. J.-C.), notamment sous le règne de l’empereur Wu Di, on procéda à une standardisation plus poussée, tant au niveau de la durée des mois lunaires que de l’intégration du cycle solaire.


2. Principes fondamentaux d’un calendrier luni-solaire

Le calendrier lunaire chinois repose essentiellement sur les phases de la lune. Chaque mois commence le jour de la nouvelle lune. Étant donné qu’un cycle lunaire complet dure en moyenne 29,5 jours, les mois chinois font soit 29, soit 30 jours.

Pour rester synchronisé avec le cycle solaire et éviter qu’au fil des années, les saisons ne « glissent » trop, on insère, lorsque nécessaire, un mois intercalaire, appelé 闰月 (rùnyuè). Cette insertion se produit environ tous les trois ans.

  • Nombre de mois et de jours : Généralement, on compte 12 mois dans l’année lunaire, mais certains années, on ajoute un 13ᵉ mois.
  • Durée de l’année : Selon l’ajout éventuel de ce mois intercalaire, une année dans le calendrier lunaire chinois peut varier entre 353 et 385 jours.

Cela diffère nettement du calendrier grégorien, qui se base uniquement sur le cycle solaire (365 jours, ou 366 lors d’une année bissextile), avec des mois de durée fixe.


3. Les 24 termes solaires (节气 jiéqì)

Pour que l’agriculture demeure étroitement liée au changement des saisons, le calendrier lunaire chinois est également découpé en 24 termes solaires, appelés en chinois 节气 (jiéqì). Chacun de ces termes, d’une durée d’environ 15 à 16 jours, correspond à une position précise du soleil sur l’écliptique. Parmi les plus connus :

  1. 立春 (Lìchūn) : « Début du printemps »
  2. 雨水 (Yǔshuǐ) : « Eau de pluie »
  3. 惊蛰 (Jīngzhé) : « Réveil des insectes »
  4. 春分 (Chūnfēn) : « Équinoxe de printemps »
  5. 清明 (Qīngmíng) : « Pur et lumineux » (aussi une fête de commémoration des ancêtres)
  6. 谷雨 (Gǔyǔ) : « Pluie des céréales »

Historiquement, ces termes étaient précieux pour les paysans chinois, car ils indiquaient les périodes adéquates pour semer, fertiliser ou récolter. Aujourd’hui, même si de nombreux Chinois ne travaillent plus la terre, les 24 termes solaires conservent une signification symbolique et culturelle, et ils influencent encore divers rites et coutumes.


4. Le Zodiaque chinois (生肖 shēngxiào)

On ne peut aborder le calendrier lunaire chinois sans mentionner le Zodiaque chinois, appelé 生肖 (shēngxiào). Il s’agit d’un cycle de 12 animaux, correspondant chacun à une année :

  1. Rat (鼠 shǔ)
  2. Bœuf/Buffle (牛 niú)
  3. Tigre (虎 hǔ)
  4. Lapin/Lièvre (兔 tù)
  5. Dragon (龙 lóng)
  6. Serpent (蛇 shé)
  7. Cheval (马 mǎ)
  8. Chèvre/Brebis (羊 yáng)
  9. Singe (猴 hóu)
  10. Coq (鸡 jī)
  11. Chien (狗 gǒu)
  12. Cochon (猪 zhū)

Chaque année est associée à un de ces douze animaux, dont on dit qu’il transfère certaines qualités ou prédispositions de caractère aux personnes nées pendant l’année en question. Par exemple, l’année du Rat est souvent liée à l’intelligence et à l’ingéniosité, tandis que l’année du Bœuf est réputée pour la fiabilité et l’esprit travailleur. Outre l’aspect astrologique, ce système fait partie intégrante des fêtes chinoises : lors de chaque Nouvel An lunaire, on met en avant l’animal qui va régir la nouvelle année.


5. Fêtes majeures basées sur le calendrier lunaire

Le calendrier lunaire chinois détermine un ensemble de fêtes traditionnelles, dont plusieurs ont un retentissement mondial. Voici les plus connues :

  1. Fête du Printemps (春节 Chūnjié)
    Appelée couramment le Nouvel An chinois, elle se tient le premier jour du premier mois lunaire, généralement entre le 21 janvier et le 20 février selon le calendrier grégorien. C’est la fête la plus importante de l’année en Chine : les familles se réunissent, organisent de grands repas, échangent des enveloppes rouges (红包 hóngbāo) contenant de l’argent, et célèbrent pendant plusieurs jours.
  2. Fête des Lanternes (元宵节 Yuánxiāo Jié)
    Elle a lieu le 15ᵉ jour du premier mois lunaire, lors de la pleine lune. Les gens sortent pour admirer des lanternes colorées, résoudre les énigmes qui y sont attachées, et dégustent des 汤圆 (tāngyuán), des boulettes de riz gluant sucrées, symbole d’unité familiale.
  3. Fête des Bateaux-Dragons (端午节 Duānwǔ Jié)
    Célébrée le 5ᵉ jour du 5ᵉ mois lunaire, souvent vers la fin mai ou en juin. On rend hommage au poète Qu Yuan à travers des courses de bateaux en forme de dragons et la dégustation de 粽子 (zòngzi), pyramides de riz gluant enveloppé dans des feuilles de bambou.
  4. Fête de la Mi-Automne (中秋节 Zhōngqiū Jié)
    Fêtée le 15ᵉ jour du 8ᵉ mois lunaire, quand la pleine lune est particulièrement brillante. Les familles se réunissent, contemplent la lune et mangent les célèbres gâteaux de lune (月饼 yuèbǐng). On y célèbre l’union familiale, la gratitude et la prospérité.
  5. Fête de Qingming (清明节 Qīngmíng Jié)
    Fortement liée à l’un des 24 termes solaires (清明 Qīngmíng), cette fête est dédiée au souvenir et à l’hommage rendu aux ancêtres. Les familles visitent les tombes, y déposent des offrandes et des brûle-parfums.

Ces événements festifs montrent à quel point le calendrier lunaire chinois est au cœur de la vie culturelle et spirituelle. Il structure un grand nombre de traditions familiales et de pratiques rituelles.


6. Le calendrier lunaire en Chine moderne

Aujourd’hui, la Chine utilise officiellement le calendrier grégorien pour les affaires gouvernementales, administratives et internationales. Néanmoins, le calendrier lunaire chinois reste omniprésent dans le domaine culturel et religieux. Beaucoup de Chinois, qu’ils vivent en Chine ou à l’étranger, choisissent encore des dates « fastes » pour les mariages, les enterrements, les inaugurations ou les déménagements, en se référant au calendrier lunaire et aux almanachs traditionnels.

Dans la société chinoise contemporaine, le calendrier lunaire préserve son rôle de vecteur d’identité culturelle. Les fêtes du Nouvel An chinois ou de la Mi-Automne, par exemple, sont des moments de retrouvailles familiales et de solidarités intergénérationnelles. Malgré la mondialisation, ce calendrier conserve une forte vitalité, non seulement comme repère chronologique, mais aussi comme symbole de la tradition.


7. Astrologie et croyances associées

Au-delà des douze animaux du Zodiaque, la tradition chinoise intègre également les cinq éléments (五行 wǔxíng) : bois, feu, terre, métal et eau. Ces éléments se combinent avec les douze signes animaux pour former un cycle de 60 ans. Ainsi, vous pourriez être né lors d’une « année du Tigre de Bois » ou de la « Rat de Feu », et ainsi de suite. Selon cette astrologie, la combinaison d’un animal et d’un élément spécifique influencerait le tempérament, la chance et la destinée.

Bien que non validées scientifiquement, ces pratiques astrologiques demeurent très présentes dans la culture populaire chinoise, et continuent d’exercer une influence sur les choix quotidiens, que ce soit pour sélectionner une date de mariage ou pour évaluer l’opportunité d’un investissement.


8. Différences majeures avec le calendrier occidental

  1. Luni-solaire vs. solaire : Le calendrier chinois combine la lune et le soleil, tandis que le calendrier grégorien se fonde exclusivement sur l’année solaire.
  2. Date du Nouvel An : Le Nouvel An chinois se situe entre fin janvier et mi-février, selon la nouvelle lune, alors que le Nouvel An grégorien tombe toujours le 1ᵉʳ janvier.
  3. Mois intercalaire vs. jour bissextile : Dans le calendrier grégorien, on ajoute un jour (le 29 février) tous les quatre ans. Dans le calendrier chinois, on ajoute parfois un mois complet (闰月 rùnyuè) pour aligner le cycle lunaire avec les saisons solaires.
  4. Symbolique et Zodiaque : Le calendrier lunaire chinois associe un fort symbolisme animal et élémentaire, contrairement au calendrier grégorien, qui ne se base que sur des chiffres et des mois fixes.

9. Qui utilise le calendrier lunaire aujourd’hui ?

Le calendrier lunaire chinois est majoritairement utilisé en Chine continentale, ainsi que dans les régions voisines ou à forte influence chinoise telles que Hong Kong, Macao, Taïwan, Singapour et d’autres pays d’Asie du Sud-Est. Des variantes lunisolaires existent aussi dans des cultures comme la vietnamienne. Dans les communautés chinoises à travers le monde, la célébration du Nouvel An lunaire ou de la Fête de la Mi-Automne reste bien ancrée, perpétuant l’usage du calendrier traditionnel pour fixer ces dates.


10. Signification culturelle et sociale

Le calendrier lunaire chinois ne se limite pas à une simple mesure du temps : il représente un support identitaire fort, reliant le présent aux valeurs et croyances transmises de génération en génération. Les familles consultent souvent l’almanach traditionnel, appelé 皇历 (huánglì) ou 通胜 (tōngshèng), pour déterminer les jours fastes (黄道吉日 huángdào jírì). Ces jours sont réputés propices pour célébrer un mariage, inaugurer une entreprise, ou bien déménager dans une nouvelle maison.

De plus, les motifs et décorations liés à l’animal du Zodiaque correspondant à l’année en cours sont omniprésents au moment du Nouvel An lunaire. Cette transmission de coutumes et de symboles exprime un profond attachement à la mémoire culturelle.


11. Impact économique et commercial

Le calendrier lunaire chinois, bien qu’ancien, exerce une influence directe sur la vie économique contemporaine, notamment lors du Nouvel An chinois. Pendant cette période, des centaines de millions de personnes rentrent dans leurs provinces d’origine pour les réunions familiales annuelles, ce qui provoque la plus grande migration humaine au monde. Les dépenses de consommation augmentent (nourriture, cadeaux, décorations, etc.), générant un pic d’activité commerciale.

Les entreprises, qu’elles soient locales ou étrangères, doivent adapter leur logistique et leur calendrier de production à ces fêtes : nombreuses sont celles qui ferment ou tournent au ralenti durant la semaine de festivités du Nouvel An chinois. Cela a des répercussions notables sur les chaînes d’approvisionnement mondiales.


12. Apprendre la culture chinoise et le calendrier lunaire

Pour comprendre en profondeur la signification du calendrier lunaire chinois, l’apprentissage de la langue chinoise (en particulier le mandarin) est un atout précieux. Le chinois recèle une multitude de concepts et de termes qui éclairent la philosophie, la mythologie et les coutumes rattachées à ce calendrier.

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Avec la maîtrise de la langue, vous aurez accès aux explications originelles, aux textes classiques et à toute la richesse culturelle que véhicule la tradition chinoise.


13. Traditions et rituels liés au calendrier lunaire

  • Mariages : De nombreuses familles vérifient le calendrier pour trouver un jour faste (黄道吉日 huángdào jírì) afin de programmer la cérémonie de mariage.
  • Naissances : Certains parents espèrent que leur enfant naîtra sous un signe du Zodiaque considéré comme plus favorable, et planifient parfois un accouchement (par césarienne) pour coïncider avec une date précise.
  • Culte des ancêtres : Durant la Fête de Qingming (清明节 Qīngmíng Jié) et d’autres moments spécifiés par le calendrier, les familles se rendent dans les cimetières pour honorer leurs ancêtres en allumant de l’encens, en déposant des offrandes et en accomplissant des rituels.
  • Déménagements et constructions : Le choix d’une date faste pour emménager ou lancer la construction d’une maison se fonde souvent sur les indications du calendrier lunaire et des almanachs.

14. Mythes et légendes

Le calendrier lunaire chinois est aussi étroitement lié à un riche héritage de mythes et de légendes. Parmi les récits les plus célèbres figure celui de 嫦娥 (Cháng’é), qui aurait bu l’élixir d’immortalité et se serait envolée vers la lune, y demeurant comme déesse lunaire. Une autre légende courante raconte l’histoire de 年 (Nián), un monstre effrayant qui venait terroriser les villages à la veille du Nouvel An, mais qui fuyait lorsqu’il entendait des pétards et voyait la couleur rouge. Cette croyance est à l’origine de l’usage intensif des décorations rouges et des feux d’artifice lors du Nouvel An chinois.

Ces légendes, transmises de génération en génération, continuent de façonner les pratiques festives et de nourrir l’imaginaire collectif autour du calendrier lunaire.


15. Échanges culturels et intérêt grandissant en Occident

Ces dernières décennies, la culture chinoise suscite un engouement croissant dans de nombreux pays occidentaux. Les grandes villes abritant d’importantes communautés chinoises organisent des défilés pour la Fête du Printemps, avec des danses du lion et du dragon, des marchés festifs et des démonstrations culinaires. L’astrologie chinoise, les signes du Zodiaque et les préceptes du feng shui attirent aussi l’attention d’un public plus large.

En Norvège, notamment à Oslo, on observe un intérêt accru pour les festivités chinoises : restaurants, associations culturelles et écoles de langues proposent régulièrement des activités permettant au public local de s’initier à la richesse des traditions chinoises. Par le biais des réseaux sociaux et d’Internet, on assiste à une internationalisation des célébrations du Nouvel An lunaire et d’autres fêtes issues du calendrier chinois.


16. L’avenir du calendrier lunaire chinois

La question se pose : ce système ancestral de calcul du temps conservera-t-il toute sa pertinence dans un monde globalisé, où le calendrier grégorien est devenu la norme internationale ? À la lumière de l’attachement culturel fort qui subsiste, la réponse est vraisemblablement oui.

  • Continuité culturelle : Malgré la modernisation rapide, une grande partie de la société chinoise demeure étroitement liée à ses traditions. Les jeunes générations continuent de fêter le Nouvel An lunaire, d’envoyer des souhaits sous forme de hongbao numériques (红包 hóngbāo) et de consommer des plats festifs spécifiques.
  • Intérêt mondial : L’essor du soft power chinois et la curiosité grandissante des Occidentaux pour les célébrations asiatiques permettent de penser que le calendrier lunaire continuera d’être connu et utilisé, au moins pour ses grandes fêtes.

Bien plus qu’un simple outil de mesure du temps, le calendrier lunaire chinois véhicule un ensemble de croyances, de coutumes et d’histoires ancrées dans plusieurs millénaires de civilisation.


17. Conclusion

Le calendrier lunaire chinois (农历 nónglì) est loin d’être un vestige obsolète. Il s’agit d’un système bien vivant, intimement associé à l’identité culturelle chinoise, et qui rythme encore aujourd’hui de nombreuses manifestations festives, spirituelles et sociales. Les grandes fêtes qui en découlent, du Nouvel An à la Mi-Automne, font partie des célébrations les plus populaires et les plus riches de sens en Chine.

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En vous initiant au mandarin, vous pourrez comprendre avec plus de finesse la portée symbolique du Zodiaque, découvrir les mystères du mois intercalaire (闰月 rùnyuè) et apprécier en profondeur les mythes fondateurs qui font la richesse de la culture chinoise. Le calendrier lunaire ne se réduit pas à un simple calcul de jours, mais incarne toute une vision du monde : il reflète l’harmonie recherchée entre l’être humain, la nature et les astres, donnant ainsi à la société chinoise un cadre de référence à la fois ancien et toujours actuel.